Les innovations en impression numérique et en recyclage ouvrent à l’industrie de la mode la voie d’un avenir plus durable en réduisant drastiquement la consommation d’eau. Au Maroc, où le secteur textile constitue un pilier industriel majeur, cette problématique revêt une importance particulière, le pays étant confronté à des enjeux croissants liés à la gestion de ses ressources hydriques.
Nous avons tous eu ce jean parfait — celui qui nous va à la perfection, dans la bonne couleur, avec un style qui semble avoir été conçu pour nous. Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il est loin d’être irréprochable. Pourquoi ? Parce qu’il faut près de 4 000 litres d’eau pour fabriquer un jean moyen. Cela équivaut à remplir environ 50 baignoires. L’industrie de l’habillement s’est développée autour des voies navigables, qui ont fourni à la fois des moyens de transport, l’énergie nécessaire aux usines et l’eau pour la production. Mais cela a conduit à de graves pollutions et à un énorme gaspillage d’eau. Au Maroc comme ailleurs, cette croissance pose la question urgente de la durabilité, notamment dans une région où l’eau est une ressource fragile.Alors que l’industrie de la mode continue de croître, le coût environnemental de la production textile, en particulier le gaspillage d’eau, devient une problématique de plus en plus urgente. Réduire ce gaspillage est essentiel pour un avenir plus durable de la mode.
Un problème de taille XXL
L’industrie textile est tristement célèbre pour son impact environnemental. Selon l’Agence européenne pour l’environnement, elle représente la troisième source de dégradation de l’eau et d’utilisation des terres. Par ailleurs, une étude menée par Epson révèle que l’eau utilisée pour produire la garde-robe moyenne d’un Européen équivaut à 817 131 litres.
La production textile serait responsable de 20 % de la pollution mondiale en eau propre. Elle génère également 270 kg de CO₂ par personne dans l’UE, et seulement 1 % des vêtements sont recyclés selon le Service de recherche du Parlement européen.
Le gaspillage d’eau commence dès la culture des matières premières. La majorité des textiles sont issus du coton, une plante très gourmande en eau. Pour chaque kilogramme de coton brut, entre 7 000 et 29 000 litres d’eau sont nécessaires, contre 1 000 litres seulement pour les céréales.
La fabrication nécessite également de grandes quantités d’eau. Le coton doit être blanchi, teint, imprimé puis rincé à plusieurs reprises. Chaque kilogramme de coton teint peut consommer jusqu’à150 litres d’eau. De plus, les lavages répétés pour donner l’aspect désiré aux jeans aggravent encore le gaspillage. Alors, que peut faire l’industrie textile ? L’étape la plus cruciale est d’adopter une approche « Innovation, Impact Zéro » — c’est-à-dire viser un produit presque parfait grâce à la technologie, tant au niveau esthétique que fonctionnel, mais aussi dans sa relation à l’environnement.
La technologie qui fait la différence
Les technologies de traitement des tissus avant et après impression peuvent réduire significativement l’utilisation d’eau. Certaines imprimantes numériques modernes comme la Monna Lisa ML-13000 d’Epson, utilisant de l’encre pigmentaire, simplifient tout le processus et réduisent la consommation d’eau jusqu’à 97 % par rapport aux méthodes traditionnelles.
L’impression textile numérique permet également une production à la demande, éliminant les gaspillages en eau et en textile liés aux procédés analogiques classiques qui ne permettent pas de courts tirages, entraînant ainsi une surproduction. Au Maroc, l’adoption de ces technologies peut contribuer à moderniser la filière textile tout en répondant aux impératifs locaux de préservation des ressources naturelles.
Et comme les imprimantes numériques sont compactes, elles peuvent être installées au plus près des zones de besoin, raccourcissant ainsi les chaînes d’approvisionnement, réduisant les transports, et mettant les vêtements sur le marché à leur apogée de popularité — dans les volumes strictement nécessaires.
Réduire le gaspillage autrement
L’impression numérique Epson n’est qu’un exemple des technologies qui aident l’industrie textile à adopter une logique d’innovation durable. Une autre technologie est la Dry Fiber Technology d’Epson pour les textiles. Un prototype en développement permet de décomposer des vêtements usagés et des chutes de tissu en fibres de base, qui sont ensuite transformées en un nouveau tissu non tissé. Si elle est largement adoptée, cette technologie pourrait résoudre deux des grands défis du secteur : l’énorme besoin en eau et le faible taux de recyclage des vêtements.
Pour démontrer le potentiel de cette technologie, le créateur japonais Yuima Nakazato a utilisé ce tissu non tissé dans ses créations de haute couture. Fabriqué à partir de vêtements usagés provenant d’Afrique, le tissu a été imprimé et intégré dans ses pièces exposées lors de la Fashion Week Haute Couture à Paris. La technologie Dry Fiber lui permet de développer un processus à faible impact environnemental, favorisant une circularité des matériaux tout en produisant des vêtements personnalisés de grande qualité.
« Il est clair que l’industrie du vêtement a une réelle opportunité de réduire considérablement le gaspillage d’eau si elle adopte le principe d’innovation, impact zéro et les technologies qui en découlent. Au Maroc, ces innovations technologiques peuvent jouer un rôle déterminant dans la transformation durable du secteur textile, un des moteurs économiques du pays. La prochaine fois que vous trouvez le jean parfait, pensez à tout ce qu’il a fallu pour le produire, et demandez-vous s’il est vraiment aussi parfait qu’il en a l’air. » souligne Réda Jai Hokimi, Responsable des Ventes Commerciales et Industrielles – Epson Afrique Francophone.